L'homme assis dans le couloir est un roman de Marguerite Duras publié en 1980 aux Editions de Minuit.
Commentaires
Assez étrange ce livre. Très court (36 pages), il est d'une violence extrême, et comme souvent chez Duras le sexe prend une part importante. Ici, il prend même toute la place.
L'histoire commence après une relation sexuelle violente, passionnée. Un monologue se lance, rencontrant uniquement l'écho des corps immobiles et le désordre ambiant. Si le récit est violent, l'écriture, elle, est magnifique. Marguerite Duras nous entraine dans les profondeurs d'une espèce de folie animale dont le lecteur s'approprie les faits. Les acteurs de la scène sont imaginés avec précision, rendant l'impression de participation du lecteur supérieur à ce qui existe habituellement, même chez Duras. Le décor est planté lui aussi avec précision. Le style d'écriture est un peu différent de ce que l'on s'attend à rencontrer chez Duras. Ici, il y a moins des fioritures habituelles de ses romans, le texte est plus simple, plus direct. Ce qui n'empèche pas la présence des paraphrases et autres phrases courtes qui caractérise l'auteure. Le texte est parfois écrit au conditionnel, un peu comme si elle avait voulu mettre en avant l'imaginaire du lecteur, le laisser supposer des évènements non décrits dans le livre, l'ouvrant ainsi sur une interprétation qui serait propre à chacun.
C'est un peu une histoire coup-de-poing, dont on ne ressort pas tout à fait comme avant. C'est aussi un tour de force que de parvenir à faire un roman, même court, d'une simple situation de départ. Dommage qu'il soit si court. Mais plus long, aurait-il été vraiment le même ?
Il faut signaler, pour la petite histoire, que ce roman a été commencé en 1962 et qu'elle l'a édité sous anonymat avant le publier sous son propre nom. A cette occasion Marguerite Duras a déclaré "Ce texte, je ne n'aurais pas pu l'écrire si je ne l'avais pas vécu.".
Extraits
Ci-dessous, voici les premières phrases du livre.
Extrait : L'homme aurait été assis dans l'ombre du couloir face à la porte ouverte sur le dehors.
Il regarde une femme qui est couchée à quelques mètres de lui sur un chemin de pierres. Autour d'eux il y a un jardin qui tombe dans une déclivité brutale sur une plaine, de larges vallonnements sans arbres, des chanps qui bordent un fleuve.
Voici à présent un autre extrait, page 9.
Extrait : Elle n'aurait rien dit, elle n'aurait rien regardé. Face à l'homme assis dans le couloir sombre, sous ses paupières elle est enfermée. Au travers elle voit transparaître la lumière brouillée du ciel. Elle sait qu'il la regarde, qu'il voit tout. Elle le sait les yeux fermés comme je le sais moi, moi qui regarde. Il s'agit d'une certitude.
Voir aussi :